Le statut et l’importance des services logiciels [4] : le développement d’un marché de services

par Jean-Luc Dormoy

De la même façon que nous avons dégagé des tendances communes à la structuration des nouveaux domaines ouverts par la loi de Moore du côté infrastructure, le côté des services laisse également apparaître des patterns communs.

La dynamique du développement d'un marché de services

La dynamique du développement d’un marché de services

Une économie de services se construit dans le temps par la mise sur le marché de propositions de valeur successives et cumulatives. A chaque étape, ces propositions touchent des couches de marché segmentées notamment par le prix auquel est proposé le service. Les services les plus chers sont pour le haut de marché, et sont généralement ceux qui viennent de sortir. Les services les moins chers sont en général les plus anciens. Un service donné voit donc dans le temps son prix baisser pour accéder à des marchés de taille croissante, jusqu’à couvrir probablement 100% du marché potentiel. Les services digitaux sont en effet à même, par une tendance à la nullification du coût d’accès à l’infrastructure, d’accéder à la « longue queue » des produits, services et segments de marché de taille petite. A ce stade il se peut que ce type de service devienne gratuit, n’étant plus en réalité qu’une offre d’appel dont le coût est inclus dans celui de l’infrastructure de base. C’est le cas du téléphone fixe via IP aujourd’hui, avec des offres comme le triple play ou Skype.

A un moment donné, dans un plan dont l’abscisse est le pourcentage de marché potentiel couvert, et l’ordonnée le coût du service, l’offre est donc caractérisée par une courbe décroissante. Une stratégie est alors donnée par le gradient de cette courbe, que l’on a symbolisé par une flèche.

Une conséquence indirecte du développement d’un écosystème sous une loi de Moore est donc que les services eux-mêmes tendent à avoir une valeur faible, voire nulle à partir d’un moment donné. Une économie de service est donc en perpétuel renouvellement, et réclame à l’instar de ce qui se passe pour l’infrastructure des investissements en R&D très conséquents.

Mais le champ pratiquement infini de la création de service réclame encore plus de ressources de créativité que cela, c’est pourquoi le stade des écosystèmes ouverts est indispensable pour une économie vivante de création de services, au delà des investissements en R&D des acteurs principaux du moment.

Licence Creative Commons
Moore’s Law and the Future of [Technology] Economy de Jean-Luc Dormoy est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage à l’Identique 3.0 non transposé.
Basé(e) sur une oeuvre à mooreslawblog.com.